Jean-Louis Mante est impliqué dans la vie de Roquemaure au niveau du développement touristique, de l’accessibilité des publics à mobilité réduite, du dialogue entre les différentes communautés, mais aussi sur l’intermodalité bus / vélo ou train / vélo : le partage de l’espace urbain. C’est un défenseur des déplacements à vélo : il est délégué du Gard pour l’association française pour le développement des véloroutes et voies vertes (AF3V) et administrateur de l’association « Croco Vélo » à Nîmes. L’Écho l’a rencontré.
Jean-Louis Mante une première question : pourquoi le vélo ?
« Parce que le vélo est reconnu pour ses bienfaits, c’est un gage de bonne santé et donc d’économies pour la collectivité. On constate que sa pratique se développe dans les grandes villes, jusqu’à 16% des déplacements à Strasbourg par exemple, mais seulement 1% à Nîmes malheureusement faute d’infrastructures suffisantes. Cependant en milieu rural et péri urbain sa pratique diminue. »
Mais le vélo ça sert à quoi ?
« Lorsque je croise sur mon vélo un habitant de Roquemaure, il croit devoir faire immédiatement référence au Tour de France. Mais le vélo, ne se résume pas à ce rendez-vous annuel, il se développe tous les jours surtout en milieu urbain pourvu d’aménagements sécurisants au détriment de la voiture victime de l’engorgement des périphéries et du stationnement. Il en est de même pour les transports en commun, anxiogènes en période de risque sanitaire. La « centrifugation » de l’habitat a entraîné 90 % des actifs Nîmois par exemple à résider hors de l’agglomération ce qui accentue les problèmes liés aux déplacements quotidiens.
Mais c’est aussi un atout au plan économique : 4.2 milliards d’euros de retombées financières annuelles du tourisme à vélo qui attire une forte population étrangère. L’essor du Vélo à Assistance Électrique (VAE) a bouleversé la donne : sa croissance avec plus de 350.000 ventes annuelles séduit les seniors et les femmes. Ses adeptes sont à 70% des automobilistes. Mais avec 5 VAE vendus par an pour 1.000 habitants, nous sommes loin des Belges et Néerlandais (25 pour 1.000). »
Peut-être est-ce parce que la cohabitation voitures vélos reste difficile, que faudrait-il faire ?
« En rase campagne le développement des voies vertes a favorisé les usages du vélo sus évoqués. Elles sont ouvertes aux véhicules non motorisés et aux piétons. L’arrivée de vélos à assistance électrique et de trottinettes à vitesse élevée perturbe néanmoins le partage de l‘espace, comme d’ailleurs en zone urbaine. D’autres types d’itinéraires balisés sont réalisés sur des routes partagées à faible pente et trafic peu élevé. L’ensemble de ces véloroutes représente en France plus de 23.000 kilomètres.
En milieu urbain, la pression permanente sur l’appropriation de chaque surface dédiée à telle fonction (circulation, stationnement, espaces verts) fait que les ouvrages sécurisés pour les deux roues sont encore peu répandus dans notre département tels que bandes ou pistes cyclables fréquemment envahies (comme les trottoirs) par des véhicules en mal de stationnement. Des zones à circulation restreinte se développent dans l’esprit d’un partage de l’espace urbain (zones 30, zones à circulation apaisée à 20 km/h ou aires piétonnes). La coexistence pacifique auto/vélo/engin de déplacement personnel motorisé ou non avec les piétons reste encore un but à atteindre avec des actions d’éducation et de formation des usagers de l’espace urbain et ce, dès le plus jeune âge. Nos associations locales y contribuent à leur mesure, appuyées par la Sécurité Routière. »
Bien sûr, la cohabitation est difficile, mais vous abordez là un point sensible car beaucoup de piétons ont peur des vélos et autres engins qui roulent trop vite, surtout en zone de circulation apaisée (20 km/h maxi) où les trottoirs disparaissent au profit d’un espace commun à partager.
« Mais qui connaît et respecte les contours de celle de Roquemaure, pourtant signalée ? »
Fin de la première partie
Nous verrons la semaine prochaine avec Jean-Louis Mante ses propositions pour Roquemaure